La viticulture est l’une des cultures les plus sensibles aux variations climatiques. En effet, son potentiel viticole et œnologique est grandement déterminé par le climat de la région. C’est d’ailleurs pour cela que de nombreux vins se protègent à l’aide des appellations AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), AOP (Appellation d’Origine Protégée) qui elle s’étend au niveau européen ou encore l’IGP (Indication Géographique Protégée). Ces trois gages de qualités dépendent entre autres d’un critère géographique bien précis qui assure la présence d’un certain climat, responsable des qualités gustatives du vin.
L’accélération soudaine du réchauffement climatique, cumulée à la pluviométrie annuelle diminuant sur le long terme, se traduit par une diminution des intempéries. Combinée avec la hausse des températures, les plantes subissent une évapotranspiration plus importante, les rendant plus sensibles à la sécheresse. Enfin, tous ces changements étant irréversibles, et les prédictions étant difficiles à établir, l’adaptation de la viticulture au climat s’en trouve d’autant plus compliquée.
C’est pour cela que le changement climatique inquiète tout particulièrement les viticulteurs. Dans les changements actuellement visibles, on note une modification des stades phénologiques de la vigne ainsi que la composition altérée du raisin : le degré d’alcool, les caractéristiques de certains cépages changent et cela est majoritairement dû au changement climatique.
Le cycle végétatif du raisin s’est avancé, la maturation et les vendanges sont de plus en plus précoces. Or, idéalement, la récolte devrait se faire à maturité et lorsque les températures redescendent.
Une autre conséquence du changement climatique, qui pourrait arriver très rapidement pour l’écosystème du vin, est la modification des arômes.
Les changements brutaux de températures ou le gel, impactent de fait le délicat équilibre entre sucre et acidité des raisins. La conséquence est donc la modification de palette des arômes. Pour mieux comprendre, prenons deux exemples concrets : un vin rouge historiquement tannique, pourrait devenir un vin fruité et aromatique. Enfin, un vin blanc, qui avait pour habitude d’être vif et délicat, pourrait à terme devenir plus floral et gras.
Pour certaines régions, le réchauffement climatique serait une aubaine. Il permet de contrer certaines fragilités du terroir et d’augmenter la qualité du raisin. La hausse des températures et la sécheresse croissante permettent d’atteindre une maturation optimale et de limiter l’exposition aux maladies.
Emergence de nouvelles régions agricoles :
Certains vignerons partent à la conquête de nouveaux terroirs, plus frais. Ils acquièrent des terres en altitude ou dans des courants d’air frais afin de contrer le réchauffement climatique. La Patagonie, par exemple, devient le nouvel El Dorado des vignerons argentins et chiliens pour sa fraîcheur. En Europe, les conditions climatiques de certaines régions du nord permettront le développement de la viticulture. La Pologne, l’Allemagne ou encore le Royaume-Uni accueillent d’ores et déjà des producteurs. Le Champagne Taittinger a notamment investi au sud-est de Londres, dans le Sussex et le Kent pour produire un vin effervescent. Du côté tricolore, l’été dernier la Bretagne était la région la moins chaude de France, et de ce fait pourrait devenir une terre de vin.
Même si la chaleur est l’un des principaux problèmes, c’est le manque d’eau qui va le plus impacter les vignobles. Avec une bonne irrigation, un pied de vigne résiste jusqu’à 40°C. A l’avenir, ce sera la clef du succès. Une autre des solutions pourrait être de s’inspirer du bio. En laissant par exemple pousser les pieds de vignes jusqu’à 2 mètres, les feuilles protègeraient les baies du soleil et de la chaleur.
Ce qui est sûr, c’est qu’à l’avenir, les comportements de consommation devront changer. En effet, les consommateurs devront s’adapter à cette « nouvelle viticulture ». Et ils devront consommer « responsable » et privilégier les vins produits dans le respect de l’environnement.